Bruno VAN POTTELSBERGHE

Pouvez-vous nous dire quel a été votre parcours étudiant ? Avez-vous été actif dans des associations étudiantes ?

Mon parcours étudiant à l’ULB se résume comme suit: candidatures en sciences économiques, rentrée académique en septembre 1987; licence en sciences économiques; maîtrise en économétrie (CEME, ECARES); certificat d’études en relations internationales (CERIS); doctorat en sciences économiques (mars 1998). J’ai été délégué du corps scientifique au conseil facultaire SOCO pendant deux ans.

Quel regard portez-vous sur l’engagement étudiant actuel ? (Cercles facultaires et folkloriques, Bureaux étudiants, Associations militantes, etc.) Comment comptez-vous valoriser cette richesse de notre Université ?

J’ai décidé de faire mon baptême le jour où je suis allé me faire parrainer, la première semaine de cours. J’en ai gardé d’excellents souvenirs, et surtout des amitiés forgées lors des activités folkloriques, dont certaines sont encore très fortes aujourd’hui. Je suis convaincu que le folklore universitaire, les représentations estudiantines et autres associations offrent de nombreuses possibilités d’émancipation, de progrès, d’apprentissage du libre examen et de la solidarité. Il est possible d’encore dynamiser cette richesse, en améliorant la visibilité et la communication sur ces activités, en suscitant un regain de gestion collégiale et démocratie participative. Ceci étant dit les dérives en tout genre (abus de boisson alcoolisées, manque de respect, harcèlement moral et sexuel) doivent être mieux encadrées.

Quel est votre parcours académique au sein de notre Alma Mater ? Qu’enseignez-vous actuellement ?

J’ai rejoint l’ULB en 1999 et j’enseigne depuis des cours liés à l’innovation, à la propriété intellectuelle et au développement durable, dans tous les cycles: deux cours en bachelier ingénieur de gestion, un cours en Master ingénieur de gestion, un cours en programme doctoral en économie, un cours en éducation continue à l’ULB et un cours au Vietnam. Mes cours suscitent l’esprit critique vis à vis des politiques économiques visant à stimuler l’innovation.

Comment définiriez-vous les valeurs de l’Université et le principe du libre examen en 2020 ? Quelles places devraient-ils avoir aujourd’hui dans l’enseignement à l’ULB ?

Le principe du Libre examen est la raison qui m’a fait choisir l’ULB pour mes études et la raison principale qui m’a fait revenir en tant qu’académique. La définition du Libre Examen évolue et a des dimensions personnelle. Il s’agit d’une méthode, d’une expérience, qui célèbre la pensée critique, rejette toute approche dogmatique, à la fois pour l’enseignement et la recherche scientifique. Cette démarche, qui consiste en un rejet des idées préconçues, est essentielle, bien au-delà de notre enceinte universitaire, de notre cité. La démarche du Libre examen est inhérente à l’amélioration de notre société. Les défis sociétaux du 21ème siècle (réchauffement climatique, migrations, digitalisation, crises sanitaires, contraction des libertés) sont essentiellement globaux, et les affronter nécessite une approche ouverte sur le monde, des chercheurs, enseignants, étudiants et alumni connectés, qui portent loin nos valeurs de liberté et notre principe de libre examen. C’est ce constat qui a orienté mon projet pour le rectorat de l’ULB. Ce projet intitulé “à LIBRE ouvert” est disponible ici: https://libreouvert.be/. J’ai aussi choisi LIBRE pour l’acronyme utile qu’elle représente: Libre, Internationale, Bruxelloise et Belge (donc wallonne), orientée sur une Recherche performante, et permettant l’émancipation sociale grâce à son Engagement et son Enseignement.

La place du libre examen devrait être mieux expliquée dans les différents cursus, et dans l’expérience d’apprentissage de nos étudiants. Un renforcement et une meilleure visibilité des principes de Libre examen sont importants pour non seulement mieux préparer et sensibiliser nos étudiants, mais également les étudiants internationaux, les étudiants Erasmus et les chercheurs et professeurs visiteurs. J’ai le sentiment que nous devons porter bien plus loin et plus fort les principes de Libre Examen et de liberté d’expression, ingrédients essentiels du progrès social.

À cet égard, quel rôle l’Université doit-elle jouer dans la Cité ?

L’université et la cité vivent en symbiose, elles sont essentielles l’une pour l’autre, indissociable. Cet ancrage dans la cité, dans les cités, constituent les racines essentielles pour un rayonnement qui doit être international, un rayonnement qui vise à sensibiliser le plus grand nombre au principe du libre examen. Dans le quotidien l’université est et doit être bien plus qu’une institution d’enseignement et de recherche. C’est de l’université que doivent venir les nouvelles idées, les tensions créatives, les activités culturelles et les innovations sociétales permettant de répondre au mieux aux défis sociétaux.

De façon globale, quelle est votre analyse quant à l’évolution de l’Université ces dernières années ?

Je pense que notre université a régressé sur deux points fondamentaux: 1) de défaut de gestion participative, collégiale et démocratique; et 2) son financement. Une gestion participative commence par le symbole ultime de la nomination du recteur ou de la rectrice. Il n’y a qu’un seul corps qui participe aux élections rectorales, il n’y a qu’un seul tour qui ne permet pas d’assurer une représentation majoritaire. Mais au-delà des règles de gouvernance c’est le mode de fonctionnement des autorités qui compte, leur désir profond de susciter une plus grande collégialité. Notre institution a besoin d’un nouveau souffle démocratique, comme je l’explique en détail ici: https://rb.gy/uogiuu. En ce qui concerne le financement structurel de notre université, il n’est tout simplement pas ‘durable’, conséquence d’un accroissement continu des étudiants pour une enveloppe fermée et statique. Cette impasse ne se résoudra pas sans une réflexion profonde sur la pérennité de notre système, et une approche coordonnée des universités. Bien entendu une série de pistes peuvent temporairement calmer les choses, mais l’impasse est belle et bien là.

La crise sanitaire aura été, à bien des égards, un révélateur. Qu’a-t-elle révélé sur l’enseignement universitaire et comment voyez-vous l’après Covid-19 à l’ULB ?

Sur ce point je vous invite à écouter ma chronique sur LN24, qui couvre bien cette question. https://youtu.be/RMXJ_ImnMok

Quels sont les points phares de votre programme que vous développerez prioritairement ?

Mes priorités sont disponibles ici, classées dans les 5 chapitres de LIBRE: https://libreouvert.be/. En résumé quelques points: 1) donner plus de liberté (en ce compris moins de pression morale) au corps académique en revoyant complètement le mode de suivi et de promotion dans la carrière académique (cf la vidéo ici: https://youtu.be/5tJEE72OGEE ); 2) passer d’un modèle de deux quadrimestres à quatre bimestre, permettant d’améliorer le taux de réussite des étudiants, de réduire les contraintes opérationnelles, et de donner plus de temps recherche aux professeurs (cf. la video ici: https://youtu.be/JWHJSJtFu1Q); 3) donner un nouveau souffle démocratique à notre institution (cf mon site web: https://rb.gy/uogiuu ). Avant de lire ou écouter ces priorités je voudrais insister sur l’importance de se réunir autour d’une vision commune pour notre université, et celle que je propose est de de devenir une université exemplaire pour le développement durable, comme expliqué sur mon site web, ou présenté oralement ici: https://youtu.be/HDumRev0ldo.

Quelle politique comptez-vous mener avec l’UAE et les associations postfacultaires et quel rôle voyez-vous pour les Ancien.ne.s au sein de l’Université ?

Les anciens jouent un rôle essentiel pour notre université, ils permettent de garder le contact, ils suscitent des activités culturelles ou de formation, ils peuvent aider notre alma mater à encore mieux rayonner dans le monde.


La question que vous auriez eu envie que l’on vous pose et votre réponse à cette dernière ?

Qui suis-je? Vous pourrez le découvrir soit sur mon site web: https://libreouvert.be/about/ soit via une courte vidéo ici: https://youtu.be/eZl5cIOmSJY

L’essentiel est que je suis passionné, positif, enthousiaste et engagé, je suis profondément convaincu par les valeurs qui définissent l’Université libre de Bruxelles et qui représentent l’idéal vers lequel je tends. Solidarité, liberté de pensée et d’expression et équité sont à la base de toutes mes actions. Ce sont celles-là même qui motivent l’esprit de ma famille et que mon épouse et moi essayons de transmettre à nos deux enfants Mateo (11 an et demi) et Nina (neuf an et demi), j’adore cuisiner, j’ai une expérience très internationale (Zaïre, Japon, Etats-Unis, Allemagne, France, Belgique), et j’ai une expérience professionnelle académique et non académique.

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